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Depuis maintenant dix jours, Benjiir, Link et Aluman travaillent dans la même mine. Malgré leur proximité, ils n'ont pas énormément de se parler car les gardes ne leur laissent pas une minute de répit. Heureusement, la joie de vivre du Nain les aide à surmonter les épreuves. Lorsque les Golburs deviennent trop agressifs, il est le premier à trouver le mot qui remonte le moral fatigué de Link ou celui torturé d'Aluman.
Ce dernier qui était un peu distant au début s'est de plus en plus rapproché de Benjiir et de Link. Il leur a confié ses angoisses, ses peurs, ses envies de vengeance. Link a découvert en lui un homme blessé et triste. Quant à Benjiir il l'aime beaucoup car le Bédouin a beaucoup travaillé le fer qui est abondant dans son ancienne région natale. Et pour les Nains, " Toute personne qui travaille du fer peut tout faire." En effet, le fer est un métal très pur pour cette race qui travaille tous les métaux, et ils considèrent que toutes les personnes qui peuvent travailler avec, et elles ne sont pas nombreuses, sont donc des gens avec qui il faut être en bonne condition. Mais pour Benjiir comme pour Link, Aluman est avant tout un ami.
L'amitié entre Benjiir et Link a été plus longue à venir car les Elfes et les Nains ne s'entendent pas très bien à cause d'une histoire ayant eu lieu il y a de nombreuses années, et dont peu de gens connaissent le sens.
C'est justement le sujet de la conversation endiablée du jour entre les deux co-équipiers :

" Tout le monde sait bien que ce sont les Elfes la cause de la dispute, dit Benjiir.
- Non Messire Benjiir, réplique Link, ce sont les Nains, et tout le monde vous le dira !
- Les Elfes !
- Les Nains ! "
Il allaient en venir aux mains quand Aluman prit la parole :

" Allons, allons mes amis. Je connais la véritable histoire. Laissez-moi vous la raconter :
A la mort du Semi-Dieu Balafine, le sage le plus aimé de tous, la discorde entre les Nains et les Elfes commença. En effet, les Nains voulaient comme à leur habitude faire une grande fête pour cette homme qui leur avait appris tant de choses sur les montagnes. Mais les Elfes voulaient brûler le corps de celui qui leur avait appris la poésie. Ainsi, son âme pourrait s'échapper plus facilement. S'en est suive une grande dispute entre les déférents chefs de chaque race, et une grande bataille a éclaté. Un Nain a tué le chef Elfe avec une hache qui traînait par terre, ce qui explique maintenant d'où leur vient cette habitude de se battre à la hache. Mais il n'a pas eu le temps de fêter sa victoire car il fut tué pas un Elfe qui mourut lui aussi quelques instants après. Bref, ce fut un véritable carnage, dont personne ne ressortit vainqueur. Mais bien que la haine demeure, l'histoire originelle a été oubliée.
- Comment connaissez-vous toutes ces histoires, oubliées par les concernés eux-mêmes ? demande Benjiir.
- Depuis de nombreuses décennies, j'ai fait de longues recherches sur l'histoire des ancêtres du Monde, et récemment j'ai découvert un manuscrit écrit pas le chef Nain Hör, qui vivait il y a environ 5000 ans. Il expliquait de nombreuses choses. Malheureusement, ces pestes de furets ont brûlé tous les livres que je possédais et ont fait un immense feu de joie. Je pleurai de rage et de désespoir dans ma cellule.
- Ah les monstres ! dit Benjiir. Il y a vraiment des moments où j'ai envie de les…de les… "
Il prit alors sa pioche et donna un violent coup sur la roche la plus proche, qui se brisa net.
Le bruit attira de nombreux regard dont ceux d'un des Golburs chargé de la surveillance de la mine aujourd'hui. Il accourut vers le groupe des trois amis, son fouet à la main :
" Qu'est ce qui se passe ici encore ?! Encore ce Nain qui fait des siennes ! Ecoutes-moi bien sale esclave, si tu recommences à avoir des sautes d'humeur dix fois par jour, je te jures que tu passeras un très mauvais moment en compagnie de nos amis les Golburs ! Surtout en ce moment… "
Il regarda alors autour de lui pour voir s'il y avait quelqu'un, et voyant que non, il se rapprocha de Benjiir et lui chuchota à l'oreille quelque chose. Le visage de Benjiir devint alors aussi blanc que le linge des princesses Elfes et ses cheveux se hérissèrent sur sa tête. Il se mit à trembler et fléchit sur ses jambes. Le Golbur visiblement satisfait de lui-même se recula et donna un coup de fouet dans le vide.
" Allez, tout le monde se remet au travail. Et toi le gros, n'oublies pas ce que je t'ai dit ! " Et il s'éloigna en continuant de faire claquer son fouet autour de lui.
Benjiir n'arrivait pas à se remettre. Il tremblait encore et Link et Aluman durent le faire asseoir avant qu'il ne reprenne la parole.

" Que vous a dit ce Golbur Maître Nain ? demanda Aluman
- Ce monstre m'a dit que Sarin préparait quelque chose. Une attaque en masse. Pas pour maintenant, mais que la plan était déjà prêt. Les Borims sont déjà partis en mission de reconnaissance, pour trouver d'autres soldats. Mais le plus horrible, c'est qu'ils ont prévu un plan totalement monstrueux : Ils vont renvoyer des prisonniers d'ici dans leur famille. Mais avant, ils les auront envoûtés de sorte qu'une fois arrivés chez eux, ils se mettront à tuer toute personne sur son passage. Il sera invulnérable pendant une courte période, et pourra donc massacrer autant de personnes qu'il voudra. Jusqu'au moment où il se réveillera. A ce moment, il ne se rappellera de rien, et ses propres amis le feront exécuter pour meurtre. Vous vous rendez-compte ?! Ses propres amis qui le tueront pour une chose qu'il n'a pas réellement commise ! Benjiir avait repris des couleurs, mais il tremblait encore.
- Vous ne nous avez pas tout dit Maître Benjiir, dit Link. Il y a autre chose.
- Oui c'est vrai Link. Il y a quelque chose d'autre : Il a rajout " que nous trois ainsi que la plupart des prisonniers de cette mine seront les premiers à être envoûtés car nous sommes tous des anciens chefs. Et lorsqu'il a dit cela, j'ai cru voir une ombre en haut. Elle semblait immobile et seuls ses yeux rouges vifs bougeaient. J'ai cru mourir de peur en la voyant.
- Cher Nain, je crains malheureusement que cela n'était pas une vision, dit Aluman Depuis quelques jours, cette ombre rôde dans la mine. Je pense que c'est non seulement quelqu'un de bien réel et en plus de très important car les Golburs s'inclinent dès qu'ils la voient. Je pense qu'ils préparent effectivement quelque chose, car la présence d'un chef, car cela doit en être un, indique un mouvement dans les troupes, ou une revue générale.
- Oui, c'est vrai, rajouta Benjiir. Le Golbur m'a dit qu'une grande assemblée était prévue dans un peu plus d'un mois pendant laquelle Sarin va leur expliquer ses objectifs. Et il semblait heureux à l'idée d'aller se battre, et de tuer des innocents.
- Allons Maître Benjiir, dit Link, la pause va bientôt sonner. Peut-être que le Golbur a dit cela simplement pour vous effrayer.
- Et bien il a réussi, répondit le Nain, qui ne tremblait presque plus, mais qui suait encore un peu. Cela fait douze ans que je suis ici, et c'est la première fois que j'ai autant peur ! Je crains de très mal dormir cette nuit.
- Ne vous inquiétez pas Benjiir, dit Aluman pour le rassurer, on peut difficilement vivre avec la colère, car elle mène inexorablement à la haine et donc à la souffrance, mais la peur est surmontable pour n'importe quel esprit. Du moins c'est ce que l'on racontait lorsque j'étais enfant. En tout cas, je ne crains pas ce Golbur !
- Ni moi non plus, dit Benjiir, mais je crains Sarin, et ces Borim me font peur rien que d'y penser !
- Ils nous font tous frissonner, rajouta le Bédouin, mais pensez que nous pouvons les détruire. Ce ne sont pas des esprits, et même s'ils ne sont pas humains, une flèche bien placée les envoies dans les Terres Perdues !
- Je ne connais pas les Borims, dit Link, mais si une flèche peut les tuer, sachez bien que je serai là pour le faire !
- Vous avez raison, dit Benjiir en se redressant. Moi Benjiir fils de Benor, j'ai eu peur un instant, mais maintenant, je suis prêt…je suis prêt quoi.
- Messire Benjiir, demanda Link, le Golbur vous a t'il dit par qui la garde serait assuré pendant la conférence ?
- Oui, il m'a parlé des furets. Pourquoi ?
- Oh pour rien. Je craignais de rencontrer de nouveaux monstre, et cela m'embêterait quelque peu ! N'est-ce pas ?
- Oui, c'est exact, répondit Aluman "
Comme prévu, la cloche sonna, et tous les prisonniers retournèrent à leur misérables quartiers. Benjiir avait repris des forces après le mince repas, et sa bonne humeur habituelle avait repris le dessus sur sa peu. Les prisonnier s'endormirent assez rapidement. Seul Link veillait encore. Il parlait seul, dans la belle langue qui est la sienne.
" J'aimerai esperer mais… peut etre… "
Seuls les elfes pouvaient comprendre ce qu'il voulait dire. : " J'aimerai espérer mais… peut -être… "
Ces paroles énigmatiques, seul Link en connaissait le sens.
Il s'endormit finalement, un sourire sur les lèvres, un des rares sourires qui se trouvent dans les Forges de l'Enfer

* * *

Un mois s'écoula, et le souvenir du Golbur s'effaça petit à petit des mémoires. Tout semblait être redevenu normal, et Benjiir, Link et Aluman survivaient toujours. Pourtant, depuis quelques jours, les gardiens sont devenus extrêmement strictes. Ils sont angoissés et les fouets claquent sans cesse. Nombreux sont les prisonniers morts de fatigue ou de douleur.
" Je ne comprendrai jamais pourquoi les Golburs aiment à ce point fouetter les gens, dit Benjiir, qui devait travailler torse-nu à cause de la douleur de son dos, flagellé de nombreuses fois. En ce moment, il ne se passe un minute sans qu'un claquement ne tombe !
- Il est vrai que depuis quelques temps, les Golburs nous harcèlent, dit Link qui travaillait avec sa main gauche à cause d'un coup de pied violent d'un Golbur qui n'avait pas trouvé suffisant la production de l'Elfe. La main droite était donc devenu inutilisable pour le moment. Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais cela doit-être important !
- Rappelez-vous le Golbur du mois dernier, dit Aluman. La conférence est peut-être pour bientôt. De plus, on les voit de plus en plus avec des armes à la ceinture ou à la main, que ce soient des épées ou des gourdins. Je suis inquiet. "
A peine eut-il fini sa phrase qu'un Golbur lui donna un coup de fouet sur le dos. Des larmes de douleur vinrent aux yeux d'Aluman, mais il contins sa colère.
" Allez bande de fainéants, dit le Golbur. Profites du peu de temps qu'il vous reste à travailler ! Dans quelques heures, vous serez une épée à la main, en train de… "
Il fut interrompu par un de ses congénères qui lui donna un coup pour l'empêcher de finir.
" Tais-toi idiot ! Ils ne doivent pas être au courant Heureusement, je viens en chercher une vingtaine dans cette cellule. Ta faute n'est donc pas trop grave, mais ne t'avises pas de recommencer ! Eh ! Vous là-bas. Amenez la pince ! "
Deux autres Golburs apportèrent alors un bâton très long muni d'une pince au bout qu'ils activaient avec le manche. Avec ceci, il prit onze prisonnier pas le cou et les donna à un autre Golbur qui les attachait entre eux. Puis il s'approcha de Benjiir et voulut le prendre dans la pince. Mais le Nain ne se laissa pas faire. Il se tortilla violemment dès qu'il fut capturé.
" Arrières monstres. Foi de Nain, vous ne me capturerez pas aussi facilement ! "
Il courut alors en direction du Golbur qui l'avait pris, et celui-ci recula, poussé par le manche qui le retenait à son prisonnier. La force d'un Nain est telle qu'il dut lâcher le manche. Il n'eut alors pas le temps de reculer encore : le manche l'avait transpercé. Benjiir ne s'arrêta pas là et continua sa course folle. Les humiliations et les coups l'avaient rendu fou, pourtant, il avait réussi à conserver sa colère enfouies sous sa peau. Mais cette fois, c'était trop, et la rage ressortait entière. Malheureusement pour lui, les Nains ont de nombreuses qualités, mais la discrétion n'est pas la première ! Le bruit qu'il faisait ameuta une centaine de Golburs qui se mirent tous en travers de sa route. Aluman et Link avaient essayé de le suivre, mais un gardien les avait assommé. Puis les gardiens étaient partis porter secours à leurs camarades. Mais ils ne savaient pas qu'Aluman n'était en réalité pas du tout évanoui, et qu'il faisait semblant. Lorsque les Golburs furent assez loin, il prit Link sur ses épaules avant de se diriger vers un coins sombre de la mine où il se coucha et regarda la fuite de Benjiir, qui continuait toujours de courir. Les Golburs réussirent enfin à l'arrêter, mais ils durent encore batailler pendant de longues minutes pour attacher le Nain qui se débattait comme un diable. Ils finirent par lui donner un coup de massue à arracher la tête d'un homme et ils se mirent à cinq pour porter le lourd corps du Nain. Où ? Eux seuls le savaient !
Pendant ce temps, Link s'était réveillé et Aluman lui avait tout expliqué.
" Notre ami Benjiir se trouve bien mal en point, dit l'Elfe. Mais nous devons lui porter secours, quoiqu'il advienne de nous.
- Vous avez raison, rajouta Aluman. Le fait est de trouver l'endroit où ils ont l'ont emmené. Pour cela, il faudra écouter toutes les conversation des Golburs qui passeront devant nous.
- Nous devrons donc rester cachés ici jusqu'à que nous ayons entendu ce que nous voulons. Le problème étant que si cela dure, nous ne mangerons rien pendant un certain temps. Personnellement, je peux me passer de nourriture pendant un peu plus d'un mois.
- Moi je ne peux tenir que trois semaines, sans quoi mes forces seront fortement diminuées, rajouta Aluman.
- Bien alors ne bougeons plus et attendons. "
Heureusement pour les deux amis, la réponse arriva très rapidement. Au bout de quelques heures, un groupe de Golbur passa devant eux. Ils parlaient de leur journée. L'un d'eux semblait blessé car les autres le soutenaient :
" Asch. Ce sale Nain m'a arraché la moitié de la jambe. Quel bœuf , commença celui qui était blessé.
- Ne t'inquiètes pas, dit l'un de ses porteurs. J'ai entendu dire qu'il sera le premier à y passer. Les Sorciers Noirs vont l'envoûter demain à la pleine Lune, et il ira rejoindre sa famille tout de suite après. Dès le lendemain, les meurtres seront commis. Il se réveillera ensuite, et sera exécuté par ses propres amis. Ah ah ! Ce plan est vraiment très drôle !
Tous les Golburs éclatèrent de rire. Le blessé demanda :
- Et où est-il enfermé ?
- Dans une des cellules du troisième sous-sol. On ira le vois après le repas si tu veux. Il paraît que des moqueries ne feront que le rendre plus enragé, et donc plus dangereux. Mais pas pour nous, pour sa famille ! Le golbur qui était derrière le blessé et qui avait dit cela éclata de rire.
- Mais non triple idiot, dit le blessé ! Ce soir, il y a conférence de Sarin. Il va enfin nous donner des ordres d'attaque ! On va enfin partir en campagne !
- Malheureusement, c'est toi le triple idiot, rajouta un autre. Nous ne partirons pas avant au moins sept ans.
- Quoi rugit l'infirme ! Il ne nous trouve pas assez fort ?!
- Mais si idiot ! Mais nous ne somme pas assez nombreux face à une armée d'Elfes. Ce Nain à lui tout seul a tué quatre d'entre nous, et blessé plus d'une dizaine d'autres, dont toi Orlan !Nous nous ferions littéralement écraser ! Ah oui, autre chose ! Qui va nous remplacer ce soir ? Sans nous, les prisonniers vont s'évader !
- Tu as raison, mais le problème est réglé. Ce sont ces minables de Furets qui vont prendre notre place ce soir ! Heureusement que les esclaves dorment, car ces petites créatures sont incapables..
- Détrompes-toi, lui répondit un autre. Seuls, ils sont faibles, mais un groupe de Furets est encore plus dangereux que nous. Heureusement pour nous que nous ne sommes pas là, je ne les aime pas ! Par contre, je crains de ne pas retrouver le même nombre de prisonniers demain ! S'il y en a un qui essaye de s'évader, il suffit qu'un Furet pousse un cri, et il sera aussitôt encerclé par une bande de petites bêtes en furie, et automatiquement déchiqueté ! Remarquez que c'est assez drôle ! "
Et ils partirent tous en riant !
Aucune miette de la conversation n'avait été perdue pas les deux amis.
" Il faut se dépêcher, commença Aluman. Il faut aller délivrer Benjiir, et le plus vite possible !
- Patience Aluman, dit Link. Nous irons dès ce soir, quand les Furets seront là. Vous avez entendu ce qu'ont dit ces Golburs ? Ils sont très dangereux en groupe. Il faudra donc être très vigilent et ne nous servir de nos armes qu'en dernier recours.
- Nos armes ? demanda Aluman. Quelles armes ?
- Celles-ci, répondit Link -Et il sortait deux armes de sous sa tunique. Deux coutelas très courts, mais qui semblaient solides- Je les fabrique depuis un mois dans la mine. Mais les Golburs ne nous laissent malheureusement que très rarement seuls ! Voilà pourquoi j'avance si doucement ! Voilà aussi pourquoi elles sont si courtes. Mais elles sont très solides, je vous l'assure. Le métal que nous récoltons dans ces roches est un des plus solides que j'ai rarement vu. Je ne pensais pas m'en servir si tôt. Tenez, voici la vôtre.
- Je vous remercie beaucoup, dit Aluman, et j'espère pouvoir un jour vous faire un aussi surprenant et aussi agréable cadeau en de si mauvais moments !
- Allons, allons, répondit Link, gêné. Vous me remercierez plus tard. Grâce à nos amis les Golburs, nous savons où est Benjiir, et nous devrons aller le délivrer. Mais pour le moment, attendons la relève et dormons si vous le voulez bien. Je pense que la soirée va être mouvementée ! "
Et les deux compères s'allongèrent et s 'assoupirent très vite. La dernière parole vint d'Aluman, dans sa langue Bédouine :
" El Aren, perinoun uns ! Mon père, protèges nous! "
Et il ferma les yeux

* * *


Il ne purent dormir très longtemps : le cor sonna vite et réveilla les deux amis. Ils se levèrent immédiatement et se faufilèrent jusqu'à une faille.
" Regardez au loin, dit Link à Aluman. Ces petites silhouettes.
- Les Furets ! "
A ces mots, Aluman s'était tassé dans la faille. Il savait que les furets avaient une mémoire olfactive très développé, et qu'ils pouvaient se souvenir de l'odeur de leurs prisonniers très longtemps. Or Aluman faisait partie de lot.
Les petites créatures s'étaient avancées et semblaient tout excitées. Elles sautillaient dans tous les sens et semblaient rire de passer la nuit à surveiller des prisonniers.
Soudain, elles se turent. L'atmosphère s'était tendue et le silence était roi. Les petites créatures se mirent en position pour former deux colonnes. L'ordre régnait maintenant là où le trouble était il y a quelques minutes. Un cri résonna au loin :
" Mahrein ! "
Les furets se tournèrent alors d'un quart de tour de façon à être dos à dos. Un autre cri, qui provenait du même personnage, retentit, mais plus proche cette fois :
" Malmanoury ! Remiré Capo ! Garderhir ! "
Les furets avancèrent de trois pas et firent encore un quart de tour. Ils se trouvaient donc à nouveau dans leur position initiale, mais cette fois, une large allée se trouvait entre les deux colonnes. Les soldats étaient droits et tenaient leur lance à la main gauche.
" Regardez Aluman, dit Link, ils attendent leurs capitaines. Ils ne bougeront pas sans en avoir reçu l'ordre à présent, et quoiqu'il arrive, ils resteront dans cette position. Profitons-en ! "
Ils coururent alors vers une porte qui donnait sur un escalier montant. Ils le firent si vite et si légèrement que personne ne les remarqua. Mais ils durent s'arrêter en haut des marches, car des Golburs étaient devant eux pour regarder la parade de leurs alliés. Ils semblaient d'ailleurs impressionnés :
" Pfiou , dit l'un d'eux, ils sont forts ces petits trucs ! Quelle organisation ! T'as vu ça ? Ils ne bougent pas et attendent !
- Ils attendent quoi, demanda son voisin.
- Pacorin voyons !
- Qui est Pacorin ?
- C'est leur chef. Tiens le voilà ! " Aluman et Link avaient tourné la tête en même temps que les Golburs. Et ce qu'ils virent les stupéfia :
Une sorte de Furet un peu plus petit que les autres entrait dans la mine. Il avait des cheveux blonds et des yeux bleus, et ses pieds étaient recroquevillés. Cela le gênait légèrement pour marcher debout, et il préférait donc la posture à quatre pattes. Son visage noir contrastait énormément avec ses cheveux et ses yeux, dans lesquelles on pouvait discerner une lueur de haine. Les Furets, qui étaient ses soldats, semblaient le considérer comme un Dieu, alors qu'ils faisaient tous une tête de plus que lui. Et on pourrait croire qu'un seul d'entre eux pouvait le tuer à mains nues. Du moins en apparence.
" C'est donc lui Pacorin, dit Aluman.
- Il ne me semble guère très vaillant, et ne ressemble pas du tout à un furet, constata Link.
- Oui, c'est exact, rajouta Aluman. J'ai lu son histoire dans un écrit d'Elfe. Je croyais que c'était une légende car elle est vraiment incroyable.
- Contez la moi Maître Bédouin, demanda Link. Nous avons encore du temps.
- Très bien. Je vais essayer de vous la raconter avec mes souvenirs :
" Il y a environ 700 ans, un groupe d'Elfes fut attaqué par une bande de Furets . Les Elfes devaient être douze fois moins nombreux, et ils furent tous massacrés par les démons. Seule une famille survécut, mais elle fut faite prisonnière. Les Furets emmenèrent les femmes et torturèrent les hommes pour leur faire avouer la cachette d'autres Elfes. Personne ne sait ce qu'il se passa pendant que les femmes étaient avec les Furets, mais toujours est-il que quelques temps plus tard, alors que la famille avait été libérée, la plus jeune des filles accoucha d'un fils. Mais l'enfant n'avait pas l'aspect elfique : Sa peau était noire et il était minuscule. De plus, son visage était hideux et fit peur aux sages-Elfes qui accouchait sa mère. Il mordit même une Elfe, si fortement que le sang coula. Une goutte tonba sur le bras du rejeton, qui le lécha goulûment. Malgré la laideur de son fils, sa mère voulut le garder, après avoir avoué que le père était un furet qui l'avait forcé. Le bébé avait donc du sang elfique et du sang furet dans les veines. L'intelligence était elfique, mais l'âme était celle d'un furet : sombre. Quant au physique, le mélange était monstrueux : des cheveux blonds comme le soleil, des yeux bleus comme le ciel, mais une peau noire et une mâchoire avancée. Dès son plus jeune âge, le bébé, que la mère nomma Pacorin, se montra violent et méchant. Il faillit tuer son frère qui vint au monde vingt ans après lui. De plus, il n'attirait aucune Elfe, ce qui peut paraître normal vu son visage. De plus, il ne grandit que très peu, et même maintenant, il est plus petit encore qu'un furet. Ses jambes avaient été males conçues, et elles étaient arc-boutées. Il se déplaçait donc souvent à quatre pattes et devint d'ailleurs d'une grande agilité.
Un jour, une troupe de Furets attaqua sa mère et la tua. Elle était la seule qu'il aimait vraiment. Il quitta donc la ville elfique et partit, en quête de vengeance. Il retrouva la troupe de Furets et massacra les soldats un par un. Il continua sa route, mené par la haine, et toutes les créatures qu'il rencontrait, Elfes, Nains, Géants, Humains, ou même les animaux, étaient réduits en miettes. Jusqu'au jour où il croisa Sarin lui-même. Ce dernier fut le seul à se défendre, et il mit Pacorin en échec. Mais impressionné par le Semi-Elfe, il lui laissa la vie sauve en échange de sa loyauté. Pacorin accepta. Son intelligence étant celle des Elfes, Sarin le nomma à la tête des Furets. Il n'est pas immortel, mais vit de nombreux millénaires, et a donc de nombreux jours encore devant lui. Les plus grandes victoires des Furets lui sont dues, et ses soldats le considèrent comme un Dieu. Il a adopté le régime de la peur et n'hésite pas un seule seconde à tuer pour montrer l'exemple. "
Ainsi est raconté le début de la vie de Pacorin, maintenant devant vos yeux Maître Elfe.
- Il est vrai, rajouta Link, que lorsque l'on voit cette petite créature difforme, rien ne peut faire penser à un général Furet !
- Et pourtant ! conclut Aluman "
Pendant ce temps, Pacorin avait traversé l'allée, suivi par ses capitaines, qu'il a choisi lui-même au cours de ses combats. Il s'arrêta au bout et monta sur un rocher. Il parla alors à ses soldats dans la langue commune, qui est moins noble que celle des Elfes, mais beaucoup plus que celle des Furets :
" Mes chers soldats ! C'est une petite mission que l'on vient de nous confier. Je vous demande de bien la remplir, ce qui ne sera pas difficile je pense ! Vous avez deux cent cinquante mille prisonniers à surveiller ! Mais ils dorment tous ! Bon courage, et à demain ! "
Il donna ensuite quelques ordres à ses capitaines, pendant que les Furets hurlaient leur cri de victoire :
" Segins ! Segins ! " Les soldats se détachèrent de la ligne et le vacarme recommença.
" Que veut dire Segins Link ? demanda Aluman
- Cela signifie victoire, tout simplement, répondit Link, mais la langue qu'ils parlent n'existe presque plus. Ces Furets me répugnent ! Si ce que vous m'avez dit à propos de Pacorin est vrai, mieux vaut nous en méfier !Allons, ne perdons pas de temps ! Les Furets sont peut-être petits, mais ils sont méfiants et attentifs. Profitons de leur mise en place pour monter "
Ils montèrent donc quelques escaliers, mais tombèrent rapidement sur un groupe de gardes. Les Furets étaient trop nombreux !
" Nous ne pouvons faire dix pas sans tomber sur ces démons, dit Aluman, énervé. Fonçons dans le tas !
- C'est ce qu'a fait Benjiir, et voyez où il est maintenant, répondit Link.
- Alors, que faisons-nous ?
- Je ne sais pas encore ! Patience cher Bédouin ! Patience !
- Malheureusement, le temps nous manque Link. Vous nous avez forgé de belles armes, dit Aluman, à quoi nous serviraient t'elles si elles restent dans leur fourreau.
- C'est vrai ! Mais elle ne nous serviront pas non plus si nous mourront.
- Mais nous pouvons tout de même avancer plus vite. regardez devant nous : il y a cinq Furets. A nous deux, ils sera facile de les éliminer.
- Je vous rappelle que si l'un d'entre eux pousse ne serait-ce qu'un seul cri, nous sommes morts, lui dit Link, qui ne voulait visiblement pas s'embarquer dans une expédition suicide.
- Ecoutez Maître Elfe, dit Aluman, Benjiir va mourir dans quelques heures si nous ne nous dépêchons pas. Prenez votre décision, mais prenez la vite. Je vous suivrai quoique vous disiez. Mais je pense qu'aller tout droit, quitte à se servire des ces lames vaut mieux qu'un long détour. "
Link semblait réfléchir. Le lourd passé de sa vie, ponctuée de combats, gagnés ou perdus, lui revenait à la mémoire.
" Bien, allons-y ! finit t'il par dire. Cela nous dégourdira un peu de tuer ces petites bestioles ! "
Link et Aluman avancèrent alors tout doucement vers le groupe de Furets qui patrouillaient devant eux. Ils étaient tous deux derrière les cinq gardes et les suivaient à distance raisonnable.
Alors, tout se passa très vite : Link et Aluman firent un bond de plusieurs mètres, enfoncèrent leurs lames dans la nuque des deux Furets de queue qui s'écroulèrent sans un cri. Link décapita ensuite un des trois survivants d'un rapide coup d'épée pendant que Aluman en égorgeait un autre. Le dernier se retourna et n'eut le temps que de voir deux ombres s'avancer vers lui avant de mourir :les deux épées l'avaient transpercé de part en part. Les cinq corps étaient par terre. Aucun cri n'avait été poussé. Les deux amis s'étaient vengés de plusieurs années d'humiliation en quelques secondes. Mais des secondes sanglantes.
" Ah ! Cela fait du bien ! dit Aluman
- Oui, c'est vrai, confirma Link. Mais le temps n'est malheureusement pas à la réjouissance. Débarrassons-nous des corps en vitesse
- Bien ! Mais ne pourrions-nous pas nous servir de leurs armes ? demanda Aluman
- Pourquoi pas ! Que possèdent t'ils ?
- Ah !Ils n'ont que des lances ! Dommage !
- Au contraire, dit l'Elfe visiblement heureux de la découverte. Si les Furets sont occupés à autre chose, nous aurons le champ libre.
- C'est vrai ! Je ne vois en quoi cela nous avance, mais c'est vrai !
- Regardez plutôt ! "
Link prit alors une lance qui avait appartenu à une des soldats. Ils se redressa et se rabaissa très vite afin d'évaluer le gouffre et de trouver sa proie. Puis il se redressa une seconde fois, lança de toutes des forces l'arme qui atteint de plein fouet un furet, qui alla se planter contre une paroi. Il resta cloué sans pousser un cri. Mais les autres gardes avaient vu leur camarade tué, et ils avaient donné l'alerte. Tous les gardes avaient accouru vers le lieu pour savoir ce qu'il s'était passé.
" Et voilà ! dit Link. Ils nous laisseront tranquilles à présent. Mais pour peu de temps. Dépêchons-nous ! "
Ils arrivèrent à un corridor dans lequel ils pénétrèrent. Des prisonniers étaient dans des cages et semblaient endormis. Sur certains visages, on pouvait voir des marques de coup. Mais sur tous, c'est la peur et l'angoisse qui se lisait.
" Comment allons-nous trouver Benjiir ? demanda Aluman. Nous n'avons que quelques instants et il y a plus d'une centaine de cage !
- C'est exact, répondit Link. C'est pourquoi il nous faut nous hâter ! Je ne souhaite pas voir notre ami Benjiir mal en point !
- Ni moi non plus, conclut Aluman. "
Mais leur petit discussion fut interrompue par un cri venant d'une des cages. Une voix bien familière d'ailleurs :
" J'ai faim ! Apportez-moi à manger ! C'est pas possible ça ! Un Nain qui ne mange pas n'est plus un Nain ! Je ne tiens pas à être aussi maigre qu'une Elfe !J'ai faim ! "
Link et Aluman, d'abord effrayé par ce cri, se regardèrent et eurent un petit rictus avant d'éclater de rire.
" J'ai faim !rugit Benjiir, car c'était lui. Eh ! Vous deux, dit-il en direction de Link et d'Aluman. Apportez moi à manger au lieu de vous cacher. Vous avez un prisonnier de marque nom d'un Elfe !
- C'est exact Maître Nain, dit Link en souriant. Un prisonnier de marque mais qui commence à coûter cher en nourriture !
- Mais…cette voix…dit Benjiir, abasourdi. Rêverai-je ou bien serai-je déjà mort ?
- Non Benjiir, lui répondit Link. C'est bien nous, Aluman et Link, pour vous servir.
- Nom d'un bœuf en croûte ! Mes amis ! Vite, sortez-moi de là ! Ces immondes Furets ne cessent de me harceler depuis que je suis ici.
- Oui mais comment faire ? demanda Aluman
- C'est simple, répondit le Nain. Regardez la-haut ! Ce sont les clefs ! Ces Furets sont tellement confiant d'eux-mêmes qu'ils ne cherchent même pas à cacher les clefs. Elles sont quand même hors de portée des prisonniers, mais pas de vous ! Vite, dépêchez-vous ! Cette cellule sent la mort ! "
Link prit les clefs et ouvrit la cage de Benjiir. Ce dernier en sortit comme si le diable était avec lui.
" Ah ! Ca fait du bien d'être en liberté, dit-il. Mais comment sortons-nous d'ici à présent ?
- Eh bien, il nous suffit de monter ces escaliers en restant sur nos gardes, dit Aluman. Ils faut être très vigilants car les Furets sont partout.
- D'accord. Mais je vous deux lames à vos ceintures, remarque Benjiir. Où vous les êtes vous procurée ?
- Je les avais fabriquées dans la mine, répondit Link. Malheureusement, je n'ai pas eu le temps d'en faire trois.
- Oh ! Ce n'est pas grave. Allons récupérer ma hache et d'autres armes dans la salle des trophées, rajouta Benjiir, que la nouvelle semblait réjouir.
- Très bien. Mais où se trouve cette salle ? demanda Aluman
- Juste au bout du couloir, répondit Benjiir. Ces Furets en ressortaient assez souvent avec de nouvelles armes à la main. J'ai toujours craint de les voir avec ma belle Romane ! Allons-y, ne perdons pas de temps ! "
Il se dirigèrent alors vers la porte se trouvant au bout du corridor. Elle était ouverte, mais tellement rouillée qu'elle en était bloquée.
" Enfin un peu d'exercice ! dit Benjiir. "
Il prit alors son élan et fonça sur la porte. Celle-ci céda aussitôt.
Un spectacle inouï s'offrit alors à leurs yeux : des centaines d'armes, aussi diverses les unes que les autres, toutes entassées, triées par type : des épées, des coutelas, des glaives, des haches, légères ou lourdes, des hachettes, des arcs, des carquois remplis de flèches, des lances et des javelots, des épées très légères, des doubles-lames, mais aussi des boucliers et des armures, et d'autres armes complètement tordues mais qui pouvaient encore servir.
" Quelle merveille ! dit Benjiir.
- En effet, reprit Link, toutes ces armes suffiraient à une armée entière.
- Elles sont magnifiques, rajouta Link.
- Et elles sont pour la plupart forgées pas les Nain, dit Benjiir, fier de sa race. Regardez, elles sont pour la plupart marquée du N, la lettre N en runes, la langue de mon peuple, crée par les Elfes, mais conservée pas les Nains. Et heureusement, sinon, elle serait perdue.
- Oui, c'est bon, on a compris, dit Link, vexé.
Benjiir se précipita ensuite vers les haches et s'empara de l'une d'elles. Elle était énorme, possédait deux grosses lames et une pointe au bout. La poignée était assez courte , mais le manche faisait la même taille que Benjiir. Sur le bous de la poignée, un ours en or était gravé.
" Romane ! dit Benjiir. Ma douce et tendre hache. Enfin je te retrouve. Ces Furets ne t'ont pas fait de mal j'espère. Tu m'as manqué !
- Benjiir, demanda Aluman, vous aimez votre hache à ce point ?
- Plus que vous ne le pensez ! Nous les Nains somme éduqués de la sorte ! Notre hache peut nous sauver la vie, et nous le savons.
- Pourriez-vous me la prêter ? demanda Aluman
- Avec plaisir maître des sables. Mais faites-y attention.
- Comptez sur moi. "
Le Bédouin tendit la main pour saisir la hache. Mais lorsqu'il la prit, il dut faire un effort énorme et prendre ses mains pour la soulever
" Han ! Mais comment faite vous Benjiir ? Vous la portez avec facilité avec une seule main, et j'ai du mal à la soulever avec les deux miennes. Elle pèse au moins soixante kilos !
- 77,56 kilos, pour être précis. C'est vrai qu'elle est lourde. Mais nous les Nains sommes habitués à porter de lourdes armes dès notre plus jeune âge. Mon père possède une hache de 83,56 kilos. Nous pouvons facilement en porter deux en même temps, avoir un bouclier sur le dos et un casque sur la tête. J'arrive moi à porter environ trois cent soixante kilos de matériel, soit deux cents kilos de plus que mon poids.
- J'avais entendu parler de la force prodigieuse des Nains, dit Link, mais à ce point ! C'est prodigieux !
- N'en faites pas trop mes amis, répondit Benjiir, gêné. Je suis fort, mais moins intelligent que vous. Moins fin aussi. Nous avons chacun nos qualités et nos défauts. C'est mieux ainsi.
- En effet, conclut Aluman "
Pendant qu'ils parlaient, Link avait pris un arc immense, d'au moins deux mètres, ainsi qu'un carquois remplis de flèche. Puis il s'était muni d'une longue épée et d'une double lame.
Cette dernière lui servait d'arme défensive : elle paraît les coups de l'adversaire, et pouvait aussi le blesser. Quant à Aluman, il s'était muni d'un sabre et d'un fouet.
" Ce sabre est celui que je portais lorsque j'ai été fait prisonnier, dit-il, le mettant à sa ceinture.
- Bien, tout le monde à ce qu'il faut ? demanda Link. Equipons-nous aussi en armure. Benjiir ? Benjiir ? Que faites-vous ? "
Le Nain était agenouillé devant une énorme hache et une grosse larme coulait sur sa joue.
" Benjiir, qu'avez-vous ? demanda Aluman.
- Cette hache appartenait à mon oncle, Massiac. Si elle est ici, c'est que lui est… "
Un sanglot l'empêcha de finir sa phrase.
Soudain, il se releva, prit la deuxième hache et la brandit :
" Avec Romane et celle-ci, mes ennemis trembleront devant la rage des Nains "
Il prit aussi une hachette, qu'il plaça à sa ceinture, et un coutelas qu'il mit dans un étui sur sa botte. Puis il se munit d'un casque, d'une armure qu'il posa sur sa poitrine et un gros bouclier rond qu'il mit sur son dos. Il ressemblait à un monstre de ferraille, et seuls son visage broussailleux dépassait. Ses yeux lançaient des éclairs.
" Je prends aussi cette hache, dont je me servirai ultérieurement ! Allons mes amis. Allons tailler du furet !
- Attendez, dit Aluman ! Je voudrai me munir d'un sabreur.
- Qu'est ce donc ? demanda Link.
- C'est une longue épée au bout rond, mais qui peut désarmer son adversaire, voir lui casser quelque-chose.
- J'en prend alors une aussi, dit Link. Quant à vous Benjiir, ne vous laissez pas envahir par la haine ! "
Mais il était trop tard. Benjiir était déjà sorti de la pièce. Il tomba nez à nez avec deux Furets qui avaient entendu du bruit. Mais ce furent les derniers bruits qu'ils entendirent : Benjiir leur courait dessus et hurlait la phrase que les Nains prononcent avant un combat : " Baruk Khazâd !Khazâd aimênu ! " Cette phrase est une des dernières en véritable langue naine que les petits hommes veulent bien prononcer. " La Hache des Nains ! Les Nains sont à tes trousses ! " Elle terrorise quiconque l'entend par surprise. Mais les Furets n'eurent pas le temps d'avoir peur : ils périrent immédiatement, l'un la tête tranchée pas Romane, l'autre la hache de l'oncle de Benjiir plantée dans le crâne. Benjiir ne reprit pas son souffle et courut vers l'extérieur, les deux haches sanglantes à la main.
" Vengeance ! Vengeance ! Mon oncle, tu seras vengé ! "
Il cria ces mots si fort que toute la mine devait l'avoir entendu.
" Dans quel pétrin s'est-il encore fourré ! dit Link
- Allons l'aider, demanda Aluman.
- Il mériterait qu'on le laisse se débrouiller seul ! Mais il avait dit cela en souriant. Visiblement, un petit combat ne le dérangeait pas.
- Maître Elfe, je suis honoré de combattre avec vous, dit Aluman en saluant, un sourire aux lèvres !
- Moi de même maître Bédouin ! Allons-y ! "
Il décocha immédiatement une flèche, la posa sur son arc, et il tira. Le premier mort fut le furet qui la reçut entre les deux yeux. Puis les autres attaquèrent. Heureusement pour les trois amis, ils se trouvaient sur une sorte de balcon, entouré pas deux escaliers. Les Furets ne pouvaient donc les attaquer que un par côté, soit deux pas deux. Link faisait chanter son arc à la vitesse su vent. Les flèches partaient et touchaient leur but à chaque fois. Les Furets ne les voyaient même plus venir. Aluman faisait cingler son fout qui stoppait net les avancées soudaines des Furets. Ils pouvaient alors les tailler avec son sabre. Quant à Benjiir, il avait littéralement foncé dans la masse et donnait des coups de hache à quiconque se trouvait devant lui. Les cris des Furets de mêlaient à ceux de Benjiir et aux sifflements des flèches. Miraculeusement, aucune n'avait touché Benjiir, qui les sentait tout de même passer très prés de lui. Les membres des Furets étaient étalés par terre. Les survivants reculaient maintenant devant ces trois démons. La victoire était proche. Jusqu'au moment où intervinrent les capitaines. Ils poussaient des longs cris répétés :
" Arangen sie!Arangen sie!Pharmazan!"
Ces mots étaient en fait des ordres de marche. Ils organisaient leurs troupes. Petit à petit, les Furets se placèrent donc en ligne, puis en carré. Enfin, ils ne bougèrent plus, et seuls les derniers qui continuaient à se battre continuer de crier. Benjiir les massacrait et crut alors à une victoire :
" C'est fini ! Ils battent en retraite. Ah, nous avons gagné !
- N'en soyez pas si sur, dit Link. Ils se préparent à un assaut. Mais celui-ci sera très organisé ! Je vous conseille de fuir. Et vite !
- Mais non maître Elfe ! lui répondit Benjiir. Ces petits démons ne sont capables de rien ! "
Une voix sortit alors de derrière les rangs. Elle s'exprima en langage commun :
" Massacrez les tous ! Je veux leur tête devant moi le plus rapidement possible ! "
Les Furets mirent alors leur lance devant eux et avancèrent au pas d'abord, puis de plus en plus vite. A quelques mètres de Benjiir, ils prirent leur épée dans l'autre main et se mirent à courir. Une ligne hérissée de pointes métalliques fonçait sur le Nain.
" Vite !Courrez Benjiir ! dit Aluman.
- Jamais, un Nain meurt mais ne se rend pas !
Il fit alors tournoyer sa hache comme un diable, et elle se mit à émettre un sifflement caractéristique.
- Il est fou, dit Link.
- Fou ou trop fier, corrigea Aluman. Comme tous les Nains !
- Nous n'avons qu'une solution, dit Link :l'aider
- Alors allons-y, renchérit Aluman en dégainant son sabre et en faisant claquer son fouet. "
Ils coururent alors se placer aux côtés de leur ami.
" Nous voici maître Nain, dit Link. Nous vaincrons ensemble ou nous mourrons ensemble.
- Maître Elfe, vous êtes trop pessimiste, répondit Benjiir, sans cesser de faire tournoyer sa hache. Malheureusement, le temps n'est pas aux belles paroles, mais à la guerre et au sang. Bon courage ! Que la hardiesse de l'ours soit avec vous ! "
Et le deuxième assaut commença : ce fut un carnage. Dès le début, la hache de Benjiir trancha une douzaine de corps, avant même que ceux-ci ne le touchent. Le fouet d'Aluman cingla de nombreuses fois, et la corde de l'arc de Link avait repris son chant monotone, mais terrible. Les corps s'effondraient un par un, et les hurlements déchiraient le silence de cette bataille. Les autres prisonniers regardaient ébahis ces trois dieux tenir tête à une armée de Furets déchaînés. Ils ne pouvaient pas les aider, terrorisés pas les petits démons qui revenaient toujours plus forts et plus nombreux.
Les trois amis commençaient d'ailleurs à fatiguer. Benjiir était blessé au mollet, Aluman avait un bras ensanglanté et la belle chevelure noire de Link était en furie, du sang mêlée à de la sueur coulait sur le front des héros. Ils durent se rendre à l'évidence : ils avaient perdu.
" Mes amis, ce fut un honneur de combattre à vos côtes, dit Aluman.
- Je vous remercie de votre aide et je suis désolé d'être la cause de votre perte, dit Benjiir.
- Allons, allons maître Nain, le rassura Link, la mort est notre lot commun. Elle arrive plus ou moins tôt. Battons-nous encore et espérons ! Ainsi soit-il ! "
Ces paroles semblèrent redonner du courage à Benjiir et Aluman, qui se redressèrent alors et se remirent à frapper. Cette fois-ci, les Furets reculaient. Mais pour très peu de temps. Ils se réorganisèrent et attaquèrent de plus belle. La fin était proche.
Soudain, un grand hurlement retentit. Mais c'était un hurlement de joie. Link se retourna et vit alors une bande d'hommes et de femmes, tous différent, armés jusqu'aux dents, qui avaient tué les gardes et qui venaient prêter main-forte aux trois amis :
" Je suis Azertaze, chef de cette tribu, dit l'un d'eux, assez grand, aux cheveux bruns et courts. Je me présenterai plus en détail plus tard. Nous avons entendu des cris et sommes venus vous aider. Mais pas pour exterminer les Furets, pour vous permmetre de fuir. Venez vite !
- Je refuse de vous suivre. Mon honneur sera perdu si je fuis, dit Benjiir.
- Ecoutes-moi Nain de mon cœur, dit une jeune femme aux cheveux bruns, mi-longs, assez petite. La fuite peut-être une victoire si elle empêche la tristesse de tes amis. Va avec Azertaze. Je te rejoindrai plus tard ! Va. "
Benjiir ne put répondre face à ces yeux marrons si tendre et si tristes. Il rangea donc sa hache, après avoir tout de même décapité encore deux Furets, et suivit Link et Aluman. Les membres de la tribu leur avait formé une haie afin qu'ils puissent passer. Ils purent donc monter très vite, suivis de prêt par la tribu et au loin par les Furets qui vociféraient de rage. Lorsqu'ils sortirent de la fosse, la lumière du jour les aveugla d'abord. Ils ne l'avaient pas vu depuis de nombreuses années. Ils sortirent du château et coururent se réfugier dans la forêt qui entourait la terre aride. Les Furets les poursuivaient toujours et ils durent encore en tuer quelque-uns qui étaient jugés trop près avant de pouvoir continuer leur course. Heureusement, les poursuivants étaient peu nombreux, et ils durent rapidement abandonner la poursuite. Après tout, ces trois prisonniers n'étaient pas si importants. Et puis, il y avait d'autres choses à faire. Des choses plus importantes…
Pendant ce temps, Benjiir, Link et Aluman étaient arrivés avec leurs nouveaux compagnons dans une vaste clairière, où les chants des oiseux se mêlaient au doux bruit de l'eau ruisselante. Un vrai coin de paradis dans l'enfer terrestre. Ils s'arrêtèrent enfin, arrivés au camp de la tribu. Là, les trois amis ne purent retenir leurs larmes. Mais des larmes de joie bien sur ! Après toutes ces années, ils revoyaient enfin le jour. Rien ne pouvait gâcher leur bonheur pour le moment. La fête en l'honneur des héros du jour et des trois rescapés commença dans la tribu. Elle dura toute la nuit et les cris de joie s'entendaient à des kilomètres à la ronde ce soir-là.



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